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vers, mais, avec son antagoniste l’acide, il forme un système symétrique capable de rendre raison de tous les phénomènes observables.

Les chimistes, ayant constaté que les acides minéraux font effervescence et réagissent violemment avec les lessives alcalines, furent mis par l’expérience sur la voie féconde qui devait les conduire plus tard à une théorie de la formation des sels neutres, des doubles décompositions, de la fabrication industrielle de la soude, de la potasse, de l’ammoniac et de nombreux acides.

Mais, tout d’abord, grisés par leur découverte et séduits par l’élégance d’une généralisation indéfinie, ils décidèrent d’appeler alcali tout corps qui réagit avec un menstrue acide ; la plupart des métaux furent, de ce fait, rangés dans la classe des alcalis ; déjà là, pourtant, naissait une difficulté ; certains d’entre les métaux se dissolvent aussi bien dans les liqueurs alcalines que dans les liqueurs acides. Robert Boyle[1] oppose aux prétentions outrées de la nouvelle philosophie cette expérience dont la conclusion lui paraît irréfutable. « Quelques spagyristes, dit il, voyant les eaux-fortes dissoudre la limaille de cuivre, concluent de ce fait que les esprits acides du menstrue rencontrent, dans le métal, un alcali sur lequel ils travaillent, ce qui est un argument peu probant, puisque du bon esprit

  1. Refleclions upon the hypothesis of alcali and acidum, Œuvres, vol. 3 , p. 603.