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principales théories des iatro-chimistes

doctrine, proposa de démontrer, « d’après le témoignage de l’expérience, que tous les êtres sublunaires sont composés de deux choses, à savoir de l’acide et de l’alcali ». Outre l’expérience, seule juge en dernier ressort, il place son opinion paradoxale sous l’autorité du grand Hippocrate qu’il interprète d’ailleurs fort librement[1]. Hippocrate donc avait écrit ce qui suit : « Tous les animaux, les hommes mêmes, sont composés d’eau et de feu, deux principes à la vérité dissemblables en vertus, mais capables d’union et de rapport dans l’usage ; les deux choses prises ensemble peuvent faire subsister toutes les autres et, réciproquement, elles-mêmes : mais prises séparément, ni l’une ni l’autre ne sauraient subsister, ni faire subsister rien autre. »

Cette pensée d’Hippocrate, Tachénius la prend pour une métaphore volontairement obscure. Il la traduit ainsi : « L’acide et l’alcali sont les instruments de la Nature et je ferai voir en son lieu que l’eau n’est autre chose que l’alcali et le feu l’acide[2]. » Cette affirmation est posée, plutôt que justifiée, à chacune des pages de la chimie d’Hippocrate[3]. Ainsi, conclut son auteur, vous trouverez partout « toutes choses en toutes choses, c’est-à-dire l’Acide et l’Alcali. »

  1. Chimie d’Hippocrate, p. 11,9 1666 en latin. Nous citons d’après l’ouvrage de Bertrand, que nous analysons plus loin.
  2. T. page 17.
  3. T. page 172.