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principales théories des iatro-chimistes

sur-le-champ en effervescence, on imagina que le chyle en faisait autant en se mêlant avec le sang des ventricules[1]. »

Écoutons maintenant comment cette doctrine chimique s’appliqua aux fonctions diverses de notre organisme. « On fit de l’estomac une fiole hermétique, dans laquelle l’âcreté assoupie du ferment faisait fermenter les aliments. Le chyle, disait-on, y devient acide et en sort tout bouillant ; rencontre en son chemin la bile alcaline ; là il se livre un combat singulier, que le suc pancréatique vient encore agacer en s’y mêlant : la masse alimentaire s’échauffe donc de plus en plus, ses parties opposées s’élancent avec plus d’ardeur les unes contre les autres ; une partie est jetée par son impétuosité dans les orifices des veines lactées, le reste à travers tous les détours de ces vaisseaux dans la masse du sang. Arrivée là, le combat recommence ; les ennemis qui restaient cachés font volte-face et ils leur font essuyer un nouvel assaut, tandis que ceux qui étaient à la suite des fuyards et arrêtés dans leur course, arrivant dans le sang, y donnent de nouvelles attaques, et, l’échec essuyé, ils se dispersent dans un endroit vaste, tombent dans la première cavité du cœur qu’ils rencontrent, où, tout furieux d’un nouveau feu qui les pénètre, ils s’envolent dans les isthmes des poumons, en parcourent tous les coins et recoins. Mais ce n’est pas

  1. Chimie, p. 171.