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les doctrines chimiques en france

chimie dévoile au savant attentif les mystères, d’apparence impénétrable, des phénomènes de la vie[1].

Ce fut à l’école de Leyde que la médecine chimique fut d’abord fort vantée. Sylvius de La Boé[2] sut, par son éloquence, par son autorité et par l’exemple, se faire beaucoup de partisans, et le grand nombre de ses élèves, imbus de ses préjugés, inonda l’Europe de sa doctrine, dont personne ne songea à douter. Son brillant disciple, Otto Tachénius, lui donna, par ses travaux, une extension nouvelle et elle se répandit pendant longtemps dans les écoles.

Cette doctrine médico-chimique a été admirablement comprise par Boerhave, à qui nous emprunterons le résumé succinct qui suit : « On vit, dit-il, dans ces temps d’impéritie, tout se faire dans la Nature et dans le corps humain par le moyen d’instruments chimiques ; tous les mouvements étaient excités, dirigés, augmentés, diminués, calmés par de semblables opérations ; tous les différents phénomènes de l’univers et du corps humain n’étaient variés que de cette façon. Enfin rien ne s’expliquait dans les écoles que par cette voie ; tous les écrits des médecins furent remplis de cette doctrine… de ce que les acides rongeaient les métaux, c’en fut assez pour imaginer dans l’estomac un acide propre à dissoudre les aliments… ; comme les acides versés sur des alcalis entrent

  1. Boerhave, p. 11.
  2. Sur Sylvius et Tachénius, voir Eloy, Dic. de médecine.