Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
les doctrines chimiques en france

ces minéraux ainsi que les autres corps peuvent se résoudre en eau, est tiré de l’action de son alcahest, il ne peut en conséquence être examiné d’une manière satisfaisante par vous ou par moi. » — L’alcahest étant ignoré ou inconnu des expérimentateurs, la prétendue preuve se réduit, en dernière analyse, à une pétition de principe facile à mettre en évidence.

Pour que la théorie de l’alcahest ait une valeur philosophique, il aurait donc fallu que cette liqueur soit effectivement découverte, afin de permettre un accord entre les recherches de laboratoire et nos affirmations a priori. Un grand nombre d’habiles chercheurs eurent l’espoir de réaliser cette trouvaille sensationnelle et, pour cela, n’hésitèrent ni devant les dépenses, ni devant l’effort. Comment dirigèrent-ils leur travail ? Quelle en fut la récompense ?

Tout d’abord si nos chimistes n’ont jamais obtenu un dissolvant universel, ils travaillèrent tout au moins sur des lessives alcalines, des sels plus ou moins corrosifs, susceptibles de décomposer ou de dissoudre les matières organiques actuellement insolubles dans l’eau. Ces expériences conduisaient-elles sur la voie au bout de laquelle l’alcahest tant espéré se découvrirait à nos regards ? Quelques-uns sans doute


    minéraux n’est autre chose que de l’eau ; de là vient que si on doit ajouter foi à ce qu’ils disent, ces substances, de même que tous les animaux et toutes les plantes, peuvent être converties en eau par le moyen de leur fameux alcahest. » Édition française de 1760 : la première édition hollandaise date de 1725.