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principales théories des iatro-chimistes

rentes, tirent leur matière de l’eau courante dans certaines circonstances que la science a précisément pour objet de déterminer. Les différences entre ces circonstances variées provoquent à elles seules les différences spécifiques entre les divers produits minéraux : les cailloux ; par exemple, les cristaux, les gemmes, les pierres précieuses. Ceci admis, nous demanderons à l’œuvre de Borrichius comment doit se diriger l’activité du savant ? quel problème doit-il se poser en étudiant les variétés de stalactites ? À cette question, il nous sera répondu que le naturaliste a pour but de rechercher dans quelles conditions de milieu se forment les espèces pierreuses. Le naturaliste va même plus loin ; il essaye aussi de deviner quel est le mécanisme interne de la réaction qui aboutit à la création des pierres. Et cela en suivant cette hypothèse inavouée et toute cartésienne que la matière se définit par l’espace qu’elle occupe… là, l’affirmation de Van Helmont rejoint dans certaines de ces conséquences la nouvelle philosophie mécanique ; par voies de déformations successives et sans révolution apparente, la chimie a pu passer d’une certaine conception de la matière à une autre fort différente. L’exemple donné par l’œuvre de Borrichius en est très caractéristique.

Pour faire admettre l’unité matérielle des corps variés qui composent l’univers, Van Helmont avait dû détruire les deux principaux systèmes chimiques qui se partageaient l’adhésion des savants : celui des péripatéticiens qui, fidèles à la vieille doctrine des