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les doctrines chimiques en france

Helmont comme une notion intuitive, allant de soi, et que l’on ne pense pas à discuter.

Bien que, d’après Van Helmont, l’eau soit la seule matière de toutes les choses créées, il existe dans la nature un autre élément intransmuable : c’est l’air, qui remplit tout l’espace, et qui est le lien de toutes les transformations physiques et chimiques. Le savant, pour établir cette nouvelle assertion, va d’abord nous montrer expérimentalement que l’air et l’eau ne peuvent jamais être transmués l’un à l’autre[1]. « Il est constant, dit-il, que l’eau s’élève (par la force de la chaleur) en vapeur, et que cette vapeur n’est autre chose que de l’eau exténuée, qui est aussi bien eau qu’elle l’était avant son exhalaison : car lesdites vapeurs, répercutées par le chapiteau d’un alambic, retournent en eau, au même poids qu’auparavant… » Ces vapeurs, bien qu’aériformes, ne sauraient, pas plus dans la nature que dans le laboratoire du chimiste, se confondre avec de l’air ; l’air n’est pas humide du tout : s’il était humide, comment le vent serait-il susceptible de dessécher ? Si, comme on l’a supposé, les eaux du déluge avaient été transformées en air, cet air trop comprimé serait devenu épais, nébuleux, suffocant pour les créatures… D’ailleurs, « toute l’industrie humaine n’est pas capable de convertir une seule goutte d’eau en air, ni d’air en eau. N’est-ce pas un étrange abus de vouloir faire croire,

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