Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
principales théories des iatro-chimistes

contrainte d’obéir, aussi bien aux dimensions de son poids, qu’à celle de la condensation. Voilà comment la nature de l’eau varie selon la diversité des semences et est tournée en tant de sortes de genres de terre, de minéraux, de sels, de liqueurs, de pierres, de plantes, d’animaux et de météores. Car lorsque l’eau se moisit en la terre, elle devient suc de terre, gomme, huile, résine, bois, fruits, etc. Et ce qui autrefois n’était que de l’eau, maintenant évolue et jette de la fumée. »

Van Helmont ne considère donc pas la densité ou pesanteur comme propriété spécifique de la matière ; n’étant aucunement physicien, il se soucie peu des considérations par lesquelles certains savants déterminèrent le lieu naturel des éléments et des mixtes[1]. Son attention est portée ailleurs ; il mesure à la balance la quantité de matière et, sans le dire expressément, il suppose la conservation de cette quantité ; si d’eau augmente de densité, c’est que sa substance se comprime, voilà tout ! Remarquons que cette théorie implicite concernant la constance de la quantité de matière n’est, chez Van Helmont, appuyée sur aucune notion physique ou mécanique ; il ne se pose aucune question concernant le poids et la masse ! La fameuse phrase de Lavoisier : « Rien ne se crée, rien ne se perd », sur laquelle le grand savant a construit son œuvre expérimentale admirable, nous apparaît déjà chez Van

  1. Voir Davidson et Lefèvre cités dans le ier chapitre.
12