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principales théories des iatro-chimistes

alcahest ou dissolvant universel sert à la fois d’illustration et de preuve à l’ensemble de sa doctrine. Or qu’est-ce que cet alcahest que Van Helmont invoque constamment à l’appui de son système chimique ? Il serait curieux de le rechercher. Le mot est inusité[1]. La chose qu’il exprime est-elle une découverte récente ? Est-elle même connue de l’auteur ? L’a-t-il préparée dans son laboratoire, et l’a-t-il ensuite essayée sur un grand nombre de substances organiques ou inorganiques ? Quelles sont les conditions dans lesquelles elle se produit et dans les quelles elle se conserve ? À ces questions, l’examen attentif des œuvres de Van Helmont ne fournit aucune réponse. Si l’auteur n’hésite point à nous dévoiler quelques-uns des effets prodigieux et remarquables de son dissolvant universel, qui sait faire réapparaître l’eau sous les déguisements dont elle s’affuble dans les substances matérielles, il est par contre trop discret pour nous raconter les détails précis de sa formation et des expériences qui le concernent !

N’a-t-il pas déclaré quelque part qu’un flacon de cet alcahest ne lui aurait été confié que pour peu de jours et qu’il n’a donc pu effectuer toutes les opérations de laboratoire qu’il se promettait d’essayer[2] ? N’a-t-il pas commis l’inconséquence de conserver dans

  1. Pour l’étymologie souvent discutée voir James : Encyclopédie, etc. , art. alcahest.
  2. D’après Boerhave, « Traité des menstrues », dernier chapitre.