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les doctrines chimiques en france

Maintenant que nous connaissons le cadre méthodologique, essayons d’en déterminer le contenu ; il s’agit pour Van Helmont de faire connaître exactement la nature des corps matériels ; il écarte en premier lieu, comme contraire à l’expérience, la théorie des quatre éléments enseignée par Aristote et répétée par Galien, puis par les écoles médicinales et chimiques ; le feu n’est aucunement un être corporel simple ; c’est un principe de changement, un ouvrier de la nature que l’art sait utiliser ; mais ce n’est pas une substance, il peut naître et disparaître ; l’agent universel de toutes les réactions matérielles que l’on reconnaît dans le feu n’a, d’après notre philosophe absolument rien de matériel puisqu’il ne persiste pas indéfiniment, qu’il peut naître comme il peut périr. Nous retrouverons plus tard les discussions concernant l’eau, l’air et la terre.

Van Helmont, après avoir nié la doctrine classique d’Aristote, essaye de montrer que les chimistes qui ont cru résoudre tous les corps de la nature en trois principes homogènes, le sel, le soufre et le mercure, n’ont pas une philosophie assurée ; ils se sont arrêtés en chemin sans se demander si la décomposition de certaines matières en trois principes différents était valable pour toutes les matières et si elle aboutissait à la dernière résolution possible[1] ! Par là leur théorie utilisable dans cer-

  1. Plus tard, Robert Boyle a déclaré que la décomposition en 3 principes était peut être justifiée dans le laboratoire du