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philosophie cartésienne, sans daigner même le discuter, l’ait simplement éclipsé ! Aujourd’hui, de Van Helmont il ne reste plus que le nom.

La première remarque que l’on fait en lisant les « Principes de physique »[1], c’est que Van Helmont est ému d’une indignation profonde contre la philosophie d’Aristote et de Galien que lui avaient enseignée ses maîtres. La logique, à laquelle les anciens avaient attaché tant d’importance, n’a d’autre usage que de nous apprendre à nous répéter perpétuellement en d’autres termes. La théorie des quatre éléments est contraire à la saine physique ; elle est infirmée par les travaux de laboratoire, et la médecine a été trop longtemps faussée par elle. Enfin la théologie de ces professeurs est entièrement païenne et ne saurait convenir aux chrétiens. Comment ces derniers peuvent-ils admettre sans blasphémer que Dieu, « moteur immobile », agite les différents corps par une impulsion toute mécanique, « comme s’il mouvait toute chose avec un bâton et qu’il fallait que pour mouvoir il soit immobile[2] ». La foi ne leur a-t-elle pas appris « que Dieu par son seul et libre vouloir atteint toutes les choses sans contrainte ni obligation ». Pourquoi s’obstinent-ils à rechercher les causes profondes de la volonté divine qui nous sont inaccessibles ?

Du point de vue purement négatif, l’œuvre de Van

  1. Nous citons d’après la traduction française des œuvres de Van Helmont, par Le Conte, 1670, Lyon, in-4.
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