Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
principales théories des iatro-chimistes

relations de différents ordres entre les diverses parties du monde ; leur ensemble ne pouvait plus se contempler d’un regard et pour ne pas voir leurs criants désaccords, il fallait être singulièrement illogique ! Non seulement elles étaient, par leur nature et par la volonté de leurs auteurs ; destructrices de toute autorité constituée, mais encore elles ne pouvaient former par leur union un corps de doctrine qui servît de base à la théorie chimique !

L’on nous demandera peut-être si, dans ces conditions, il était bien nécessaire de faire une place dans l’histoire de la chimie aux doctrines étranges de la Renaissance ? Puisque en se développant ces doctrines se détruisent d’elles-mêmes, puisqu’elles sont impuissantes par leur seul jeu à former le point de départ d’une véritable et solide science, pourquoi donc les mentionner ? À cette critique utilitaire nous répondrons tout d’abord qu’avant de parler des savants qui dans le cours du xviie siècle ont renouvelé la chimie il fallait bien décrire brièvement le milieu intellectuel dans lequel leur esprit s’est formé. C’est en effet par réaction contrôles correspondances, les analogies et les sympathies, que les écoles iatrochimiques et iatromécaniques se sont tout d’abord développées. C’est par opposition à cette concordance harmonique, que les paracelsistes avaient cru découvrir entre les êtres nombreux et variés dont est composé l’univers, que Sylvius et Tachénius réduisirent la théorie de tous les phénomènes observables à des luttes entre différents corps simples-chimiques !