Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
avant-propos

sans doute avons-nous à l’occasion tenté de saisir par quels moyens les travaux de laboratoire ont réagi sur la théorie. Mais c’est principalement à la formation des bases mêmes de la théorie, à leurs modifications sous la pression de sa logique interne, ou sous la pression d’influences extérieures, sociales ou scientifiques, que nous nous sommes arrêté. Il nous a semblé que, de cette façon, nous contribuerions à combler une grave lacune qui existe encore aujourd’hui dans l’histoire de la chimie.

La plupart de nos prédécesseurs en effet ont réduit leur travail à établir quels ont été les artisans des découvertes dont la science peut s’enorgueillir[1] ; ils ont surtout voulu savoir quelle part revient à chaque savant dans l’explication où même dans la constatation de quelque réaction chimique qui était autrefois méconnue ! ils ont implicitement supposé que là s’arrêtait leur rôle. Ils n’ont donc accompli qu’une partie de la tâche que l’historien doit remplir.

En limitant ainsi le plan de leurs recherches ces historiens ont été, par l’effet même de leur méthode, amenés à négliger les théories anciennes, à les amoindrir de plus en plus, à leur refuser toute valeur. Récemment encore[2] M. Delacre ne les poursuivait-il pas, au nom de l’histoire, d’un implacable anathème et ne déclarait-il pas avoir démontré

  1. À l’exception cependant de Duhem qui n’a malheureusement touché qu’accidentellement à l’histoire de la chimie. Voir le mixte, Paris 1902.
  2. 1919.