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les doctrines chimiques en france

Toutefois, la puissance de la philosophie hermétique ne compte plus dans la science depuis la fin du xviie siècle, et elle ne nous semble plus qu’une curiosité historique. Faut-il dire que nos ancêtres, en s’obstinant à découvrir une transmutation irréalisable par les moyens dont nous disposons ont fait un travail inutile, que leurs efforts furent stériles et leur grand labeur vain ? Une telle conclusion ne serait-elle pas superficielle et injuste ? Ne pourrait-on découvrir entre « la forme » de leurs théories, et certaines théories modernes, qui se basant sur le principe de Carnot, proclament que le monde a une tendance à la stabilisation, certaines analogies profondes ? Et un grand nombre de chimistes n’attribuent-ils pas à des « résistances » ou à des « frottements », la persistance des corps matériels dans un état physique qui théoriquement semble instable ? L’esprit des alchimistes aurait-il préparé les cadres dans lesquels la pensée contemporaine a tenté de faire rentrer les phénomènes de la nature ?

À cette grave question qui pourrait susciter la curiosité du philosophe, l’historien n’a pas à répondre ; il serait heureux si quelque esprit spéculatif pouvait trouver dans ses travaux les éléments de la solution de cet important problème.