Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
l’évolution du règne métallique

occupe de l’étendue soit théoriquement plus parfaite que toutes les autres substances analogues. Les métaux ont été créés par Dieu pour demeurer ce qu’ils sont ; et le monde entier reste constamment semblable à lui-même, semblable à ce qu’il était au moment de la création ; si, comme le prétend Descartes, « toutes les variétés qui sont en la matière dépendent du mouvement de ses parties » , si d’autre part « Dieu qui est la première cause du mouvement en conserve toujours une égale quantité dans l’univers »[1],la nature qui est parfaite n’a donc aucune tendance au perfectionnement ! L’idée même du perfectionnement paraîtra fantaisiste et inintelligible. D’une manière plus utilitaire et pratique, un certain nombre d’observateurs font remarquer que le fer, par exemple, avec lequel on construit des outils, rend plus de services à l’homme que l’or, dont la grande valeur provient de conventions sociales, puisque par une étrange aberration de notre raison, nous avons fait de cet inutile métal le signe, l’emblème et l’organe de la richesse ! Ne serait-ce pas une conséquence du péché originel que cette précieuse et inutile substance soit convoitée par tant de gens, et l’art hermétique ne nous prouve-t-il pas l’incurable avarice et l’ambition dominante des adeptes qui veulent être riches[2] ? Ceux qui raisonnaient ainsi, ceux qui ne voyaient dans l’art de l’alchimiste qu’un

  1. Principes (titres de paragraphes).
  2. Examen des principes des alchimistes, Paris 1705.