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les doctrines chimiques en france

n’ayant jamais pu réaliser expérimentalement les rêves hermétiques et, d’autre, part ne subissant pas le prestige de la doctrine qui prévoyait l’évolution du règne métallique.

G. — La doctrine hermétique n’avait jamais réuni les suffrages unanimes des savants. Même à l’époque de son triomphe, quelques sceptiques tels Biringuccio[1], la déclarèrent fausse de tous points et tentèrent vainement de la détruire, d’une part au nom de l’expérience qui n’a jamais réalisé de transmutation, et, d’autre part, au nom de la religion qui déclare le pouvoir humain étrangement limité, incapable de modifier l’essence des corps naturels ; dans le courant du xviie siècle, un grand nombre de chimistes sans la renier en principe ne cherchent plus à réaliser le Grand Œuvre. Ni cependant les échecs répétés des adeptes, ni les critiques d’isolés n’auraient été suffisants pour ébranler la confiance. Pour parvenir à ce résultat, il faillait une modification profonde dans la conception même que les chimistes se faisaient du monde matériel ; il fallait tout d’abord qu’une autre notion de la perfection succédât au mysticisme des alchimistes ; or, à l’époque du triomphe de la philosophie cartésienne, les savants, qu’ils donnent ou refusent leur adhésion à l’ensemble de la nouvelle doctrine, les savants refusaient d’admettre qu’une substance quelconque qui

  1. La pyrotechnie ou art du feu, éd. française, 1556, p. 186 et suiv.