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l’évolution du règne métallique

unité spécifique ; ce mercure, débarrassé par la nature ou par l’art des substances étrangères qui y étaient mêlées et qui lui donnaient, des aspects sensiblement variés, prendra l’admirable forme de l’or. La transmutation ainsi comprise se réduira à une purification ; le travail du chimiste consiste donc, comme l’ont dit un grand nombre d’adeptes, à « séparer le pur d’avec l’impur » ; l’or est contenu, tout au moins en puissance, dans tous les autres métaux, et il s’agit de le dégager des gangues qui nous empêchaient de l’apercevoir… À cette théorie, nous verrons le siècle suivant en substituer une série d’autres, qui ont des traits essentiels communs, et dont voici le principe. Les métaux sont composés de deux corps : un corps spécifique de l’état métallique et qui est le même dans tous ; un corps qui caractérise chacun d’eux et permet de donner des noms différents à ces différents mixtes, l’or, l’argent, le cuivre, le mercure, l’étain, le fer et le plomb ; les deux constituants du corps métallique, que nous ne pouvons obtenir séparément, sont susceptibles de se déplacer comme les radicaux de notre chimie moderne ; il ne peut y avoir, à proprement parler, de transmutation mais seulement des substitutions. La théorie alchimique du perfectionnement naturel suggérait, en se précisant, des hypothèses explicatives qui ruinaient son principe fondamental ; elle s’effondra sous le poids de ses propres excroissances ; et à l’époque de Boerhave, déjà elle n’était plus que spéculativement discutée par des esprits distingués,