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les doctrines chimiques en france

d’abord « séparer le mercure de son mauvais soufre, puis le détacher de ses autres impuretés afin de lui donner la fixité et la teinture de l’or et de l’argent ; car, de lui-même, il a presque tout le poids de l’or, et il acquiert aisément ce qui lui en manque par cette séparation ; parce qu’en le dégageant de ces impuretés (parmi lesquelles il se rencontre une humidité superflue qui le rend hydropique) il se trouve réduit à un plus petit volume et par ainsi plus pesant[1] ». En essayant donc de préciser sa pensée, Salomon nous suggère l’idée que les métaux n’ont qu’un seul constituant spécifique, le mercure ; il en vient peu à peu à dire que le soufre n’est qu’un principe accidentel des métaux imparfaits, principe que l’art chimique élimine en transmuant les métaux. « Ce n’est donc ni le plomb, ni l’étain, ni le fer, ni le cuivre, ni même le vif-argent tout entier que l’on change en or ; mais c’est le mercure du plomb, le mercure du fer ; le mercure de l’étain, le mercure du cuivre et le mercure du vif-argent. Et que tous ces mercures ne sont qu’une même espèce de matière que la nature a formé pour en faire de l’or[2]. » Bref, si l’on néglige pour un moment de tenir compte des différences peu importantes que présentent les métaux, nous les déclarerons formés d’un seul constituant « le Mercure », corps très dense dont le règne métallique tire son

  1. Dans le sens de plus dense.
  2. Salomon, page xxi.