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l’évolution du règne métallique

de la différente proportion de ces deux matières et de leur plus ou moins de pureté » . Suivant cette opinion, déjà traditionnelle au moyen âge, Hermite, en résumant ce que pensent ses collègues, nous dit que « la forme des métaux consiste dans l’union de ce soufre et de cet argent-vif » et que « comme cette union est différente à cause des différentes mixtions et des différents degrés de coction, de là procède la diversité des métaux[1] ».

Mais les métaux, nous a-t-on dit, peuvent mûrir et se transmuer en or qui est pur, homogène et rendu incorruptible par le mélange parfait de ses parties. « Ainsi c’est à juste titre qu’il est estimé de tout l’univers[2]. » Comment une telle transformation est-elle possible, ou plutôt d’où provient-il qu’elle soit encore à produire ? À cette question, les chimistes font deux sortes de réponses : tout d’abord, dans les métaux imparfaits, les constituants du mixte sont intimement mélangés avec un excès de soufre mauvais et combustible dont il faut les séparer ; ensuite un défaut de chaleur nuit à la combinaison parfaite du soufre et du mercure ; de là vient, ajoute Salomon, « que, ne voulant produire qu’un seul métal qui est l’or, la nature en produit plusieurs »[3].

Que devra donc faire l’alchimiste pour réaliser l’intention manquée de la nature et perfectionner les métaux qui ne sont pas mûrs ? Il lui faudra tout

  1. Ap. 24 et 25.
  2. Barba, page 47.
  3. Salomon, xxx.