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l’évolution du règne métallique

rentes propriétés des différentes substances de la figuration supposée des particules élémentaires qui agissaient les unes sur les autres suivant les lois de la mécanique[1]. Mais ils ajoutèrent que la forme des molécules était pour chaque matière particulière fixe et intangible, tout du moins que les molécules élémentaires des substances simples sont absolument indéformables et, par conséquent, que les corps que nous ne pouvons décomposer sont fixes et incapables de transmutation. Cette théorie, quelques chimistes, tels que Lémery, ne l’exposent pas et ne la discutent pas ; elle est pourtant supposée à la base de leurs discussions et si nous refusions d’admettre la spécificité des différentes substances sur lesquelles ces chimistes opèrent, leurs explications perdraient toute signification.

La dissolution de l’or dans l’eau régale, par exemple, provient, dans l’hypothèse corpusculaire de Lémery, d’une concordance entre les figurations de leurs invariables particules ; elles restent forcément toujours semblables à elles-mêmes et, d’après ceux qui poussent la doctrine à fond, toute réaction chimique se réduit à une apparence. La théorie atomique d’Harstœker posera comme principe l’impossibilité de la transmutation en général et de la transmutation des métaux en particulier. « L’eau ne se change jamais en air ou en sel, ni l’air, ni le sel en quelque autre corps ; mais tous ces corps demeurent tou-

  1. Harstœker. Principes de physique, 1696, page 123.