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composition des métaux, ni quelle est celle des autres ingrédients qui pourraient servir à faire cette transmutation et qu’on n’a pas encore trouvé le secret de les arrêter ensemble, l’on doit penser que, s’il est vrai que quelques chimistes aient autrefois converti du plomb en or, ç’a été par hasard aussi grand que si, ayant laissé tomber de haut une poignée de sable sur une table, les grains s’étaient tellement rangés qu’on y pût lire distinctement une page de l’Énéide de Virgile. Ainsi c’est une folie de croire que l’on puisse par le moyen de l’art et du raisonnement découvrir un si grand secret, et il y a une certitude plus que morale de la ruine de ceux qui voudraient la rencontrer fortuitement en faisant un grand nombre d’expériences[1]. »

D’ailleurs, observons-le bien, si la transmutation des métaux est compatible avec la philosophie de Descartes qui, dans son espoir de montrer l’homogénéité du monde, voulait réduire la définition de la matière à la mesure de l’espace occupé par elle, et qui admet, en conséquence, que tout corps de ce monde visible peut se convertir en tout autre corps imaginable. Cette philosophie a été très vivement modifiée par les chimistes qui constataient au cours de leurs expériences l’immense variété des corps observables ; ils en conservèrent pourtant implicitement le principe essentiel et voulurent déduire toutes les diffé-

  1. Pages 185-186.