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l’évolution du règne métallique

certes pas comme rigoureusement impossible, mais les échecs persistants de ceux qui cherchent à réaliser le Grand Œuvre nous rendront bien sceptiques, et nous ne comprendrons pas les causes raisonnées de leur persévérance… À force de défendre leur art contre ses détracteurs[1] et en acceptant de discuter ailleurs que sur leur terrain propre, les alchimistes ont énervé le principe qui était à la base de la doctrine hermétique, et celle-ci n’a comme toute défense qu’elle est logiquement soutenable, qu’elle ne base pas son espoir sur une absurdité manifeste. Pour finir, voici ce que pense de la transmutation métallique le chimiste traditionaliste Nicolas Lefèvre, qui ne voit dans toutes les discussions alchimiques qu’un problème concernant la possibilité métaphysique.

« On doute encore si les métaux différent entre eux spécifiquement, ou s’ils ne diffèrent que selon le plus ou le moins de perfection. Scaliger répond à cette question que la nature n’a pas produit plutôt les métaux pour en faire de l’or que les autres animaux pour en faire des hommes ; de plus on peut dire que Dieu a créé la diversité des métaux, tant pour la perfection et l’embellissement de l’univers que pour les différents usages aux-quels ils sont employés par les hommes. Il faut avouer néanmoins que les minéraux et les métaux

  1. Examen des principes des alchimistes, p. 10 ; voir tout l’ouvrage.