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l’évolution du règne métallique

étaient des échantillons différents du même être parvenus à des stades différents de développement. Quand ils ont voulu nous expliquer comment la transmutation en or des métaux imparfaits se réaliserait dans les laboratoires, ils nous ont dit que, grâce à l’addition d’un ferment, l’or devenait substance vivante, douée par conséquent de la faculté d’assimilation et susceptible de transformer les métaux imparfaits dont elle se nourrit en sa substance propre ! Ils insistaient sur le fait que l’or, semblable aux espèces vivantes, animaux ou plantes, des lions ou des avoines par exemple, était possesseur de germes qui, dans les conditions favorables à leur développement, reproduisaient de l’or, et uniquement de l’or.

Sans essayer de relier ce nouveau point de vue avec leur théorème fondamental : « Les métaux sont les divers représentants d’une même espèce d’êtres », sans s’autoriser de lui, les alchimistes tentèrent de répondre à ceux qui niaient la possibilité de la transmutation des métaux, en se basant sur ce fait que chacun d’eux a une forme spécifique définie. Ils ne discutèrent pas sur ce point l’opinion de leurs adversaires et acceptèrent de porter le combat sur le terrain choisi par leurs ennemis. Les philosophes hermétiques déclarèrent donc simplement que les espèces ne sont pas fixes, qu’elles varient constamment chez les animaux et les végétaux ; que les éléments d’Aristote eux-mêmes sont, d’après l’avis de tous, susceptibles de transmutation ; que ni la raison