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l’évolution du règne métallique

au dernier terme de sa perfection, qu’il est un corps très stable toujours semblable à lui-même, ne possédant aucune tendance interne à se modifier. Les métaux imparfaits, comme des fruits verts exposés au soleil, se mûrissent spontanément et se transforment naturellement en or ; nous croyons donc que l’art spagyrique va nous apprendre à forcer la nature, ou tout au moins à concentrer l’action des forces naturelles sur le métal que nous voulons mûrir ; il n’en est pas ainsi, et nos savants invoquent maintenant, pour justifier leur méthode, une autre analogie entre les métaux et les êtres vivants, analogie que nous n’avions pas encore aperçue.

L’or, disent-ils, est bien un métal parfait ; mais il ne possède habituellement aucun excès de perfection et, par suite, il n’a aucune tendance à communiquer sa perfection aux métaux imparfaits avec lesquels il est en contact. En d’autres termes, il ne jouit d’aucune faculté d’assimilation ; semblable à un corps mort[1], il a besoin, pour digérer des aliments, les transformer en sa substance propre, d’un ferment qui lui donnerait les propriétés des êtres vivants ; c’est ce ferment, dont une petite quantité seule est nécessaire pour fabriquer de grandes quantités d’or, que nos savants nomment pierre philosophale ou poudre de projection, etc.[2].

L’or rendu vivant par l’action de la pierre peut

  1. Hensig, p. 128.
  2. Duchène.