Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
les doctrines chimiques en france

n’aboutit qu’à des déceptions, Boerhave risque une hypothèse qui, à la réflexion, semble plausible. Les récits que les alchimistes nous livrent de leurs travaux sont les conséquences encore invérifiées de leurs travaux scientifiques ; il ne s’agit pas de travaux actuellement réalisés, mais de projets de travaux…, et les résultats indiqués sont les prolongements de leur doctrine, non le fruit d’une constatation faite dans un laboratoire. « Quand je lis les secrets de ces excellents artistes, qui connaissent si bien les ouvrages de la nature, il m’arrive souvent de soupçonner qu’après que de justes observations leur ont fait faire des découvertes très singulières, prompts à en prévoir les suites, ils nous ont raconté comme faites des choses qui n’existaient encore que dans leur imagination, mais qu’ils concluaient qu’on pouvait faire, ou qu’ils auraient sûrement faites s’ils avaient poussé leurs opérations plus loin.[1] » Quand on pense aux difficultés de toutes sortes que les sciences expérimentales naissantes ont eu à subir, la supposition ci-dessus semble très vraisemblable.

Essayons maintenant, malgré les difficultés presque insurmontables de cet obscur sujet, de nous rendre compte de la place que tenait la « pierre philosophale » dans la technique alchimiste. Tout à l’heure, pour justifier ses recherches, la philosophie hermétique nous avait dit que l’or est un métal parvenu

  1. Chimie, vol. i. p. 254.