Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
les doctrines chimiques en france

logique du raisonnement qui, comme « le fil d’Ariane, les guide sûrement au travers des détours du labyrinthe hermétique[1] » ! Nos philosophes, par ces discours, voulaient-ils faire comprendre à leurs lecteurs que la science ne s’acquiert qu’après un effort intense, continu, suivi, et par là écarter de la pratique de leur art sacré les gens frivoles ou superficiels, indignes d’arriver à obtenir par leur labeur un résultat sérieux ? Croyaient-ils véritablement qu’une révélation est nécessaire pour achever d’instruire pleinement ceux qui désirent s’adonner à la recherche du Grand Œuvre ? Ou encore, comme d’irrévérencieux sceptiques le leur reprochaient, cherchaient-ils a masquer leurs insuccès constamment répétés par l’usage d’un langage inintelligible au profane, et abuser ainsi de la crédulité du vulgaire ?

À ces questions, il ne nous est point permis, vu l’obscurité des auteurs, de fournir une réponse assurée. Nous ne pénétrons pas assez profondément dans l’esprit des alchimistes pour affirmer à coup sûr qu’aucun de ces savants, sous un prétexte quelconque, ne cherchait à mystifier le public ou à s’enrichir aux dépens de ceux qui leur accordaient leur confiance et leur argent, afin de leur permettre de mener à bien les expériences indiquées dont les ingrédients étaient souvent des métaux précieux.

  1. C’est le titre de l’ouvrage alchimique de Gaston de Claves. Paris, 1595.