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l’évolution du règne métallique

la forme des métaux parfaits[1], soit dans les entrailles de la terre, par la seule Nature et dans un long espace de temps[2], soit sur la terre, par la même Nature secondée de l’Art et dans un instant ? »

L’alchimiste essayera « d’achever presque en un moment ce que la Nature n’aurait fait qu’en plusieurs années », il devra avoir des différents métaux une science expérimentale très sûre, et rien dans son travail ne sera livré, comme le croient les imposteurs ignorants, au hasard ou à la fantaisie[3]. « Il est nécessaire que la connaissance de la Nature précède celle de l’art, — car l’art ne peut rien touchant les métaux, s’il n’imite la Nature[4]. »

Il est inutile de multiplier les citations ; nous venons d’atteindre là le fondement métaphysique sur lequel s’appuyait la foi de l’alchimiste ! Sur un terrain qu’ils croyaient stable, les adeptes creusèrent les fondations qui servirent pendant longtemps de support inébranlable à leurs fragiles et éphémères constructions. Ils ont posé comme évident que les métaux imparfaits, produits par une limitation accidentelle du pouvoir de la nature, le plomb, l’étain, le fer, le mercure, le cuivre et même l’argent, ont une tendance à se transformer en or ; qu’ils contiennent de l’or en puissance[5] mais que cet or ne se réalise

  1. Aphorismes 64.
  2. Aphorismes 65.
  3. Salomon, p. xxxi
  4. Aphorismes 19 et 20.
  5. Il semble que les alchimistes n’aient rejeté les correspon-