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l’évolution du règne métallique

voyons les fruits mûrir et les enfants grandir, nous admettons sans difficulté que les métaux imparfaits se transformeraient en or s’il se rencontrait dans la Nature des circonstances favorables à leur progression[1]. « La transmutation des métaux, dit Ettmuller, n’est point un non-être, quoique la plupart des chimistes pensent le contraire : car s’il est vrai… que tous les métaux… ne diffèrent entre eux que par le degré de fixité et de maturité, n’est-ce pas une chose possible de perfectionner les métaux imparfaits par le moyen de l’art…[2] » « Bien plus, nous fait observer Salomon, il faut nécessairement avouer que l’intention de la nature en produisant les métaux n’est pas de faire du plomb, du cuivre, de l’étain, ni même de l’argent, quoique ce métal soit dans le premier degré de perfection, mais de l’or. Nous avons dit être imparfaites, pensent les alchimistes, les choses qui sont en voie de parvenir à la forme qui leur est destinée et parfaites quand elles y sont parvenues[3]. » L’analogie avec le mûrissement du fruit ou le développement de l’enfant est là, saisissante… de sorte que s’il ne se trouvait point d’empêchement au dehors qui s’opposasse à l’exécution de ses desseins, toutes ses productions seraient achevées

  1. Chimie raisonnée. ire édition, Leyde 1684. Cité d’après l’édition de Lyon 1693.
  2. La bibliothèque des philosophes chimiques ou recueil des auteurs les plus approuvés qui ont écrit sur la pierre philosophale, 1672. Cité d’après l’édition de 1741, préface, p. xxviii.
  3. Duchesne, Œuvres, 1624, p. 135.