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les doctrines chimiques en france

Ainsi, quoique la définition de métal convienne à l’argent et au plomb aussi bien qu’à l’or, on ne peut pas conclure de là que ce soient des espèces distinctes ; car sous la même espèce l’or peut être parfait et tous les autres imparfaits, comme l’enfant l’est à l’égard d’un homme. Et comme l’enfant peut se perfectionner, et qu’il est virtuellement tout ce que peut être un homme dans sa maturité, les métaux sont de même à l’égard de l’or. Les propriétés différentes qu’on voit dans les métaux ne prouvent donc rien ; ce sont des accidents qui accompagnent l’état de leur imperfection, et qu’on peut leur ôter. L’imperfection qu’ils ont vient, ou de l’avarice des hommes qui les arrache de la mine avant leur maturité, ou de la lenteur de leur production et de leur amélioration. Nous ne pouvons pas observer ce qui regarde leurs progrès, comme on ne voit point croître les arbres et les plantes que nous n’apercevons que quand ils sont élevés de terre[1]. »

Nous trouverions les mêmes arguments concernant la « possibilité » de la transmutation métallique, chez un très grand nombre de savants du xviie siècle qu’ils soient ou non adonnés à la recherche du Grand Œuvre ! Le plomb, nous dit-on, est à l’or ce que le fruit vert est au fruit mûr, ce que l’enfant est à l’homme[2]. Et comme, dans la plupart des cas, nous

  1. Page 76.
  2. Voir surtout Glauber. 2e partie de l’œuvre minérale, traduction Du Teil, p. 35. Paris 1659.