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CONCEPTS FONDÉS SUR LA RESSEMBLANCE

tuer le bloc de cette totalité. La simple ressemblance, à elle seule, est incapable d’atteindre ce but lointain ; elle n’est que le premier pas qui nous achemine vers lui ; et, en effet, les groupes qu’une induction d’analogie virtuelle est parvenue à délimiter ne peuvent être, suivant la juste expression de M. Hoffding, que des totalités incomplètes[1] qu’il nous faut maintenant réunir en une totalité plus vaste. Comment, par quels procédés, avons-nous tenté, ne fût-ce que partiellement, la réalisation d’un aussi vaste programme ? À la ressemblance qui nous était d’abord apparue, et que nous avions cru révélatrice d’une généralité naturelle, nous superposons spontanément une analogie formelle qui n’atteindra plus directement chaque chose, mais qui établira une correspondance terme à terme, entre les choses rangées dans ces groupes, puis, par extension, entre les groupes eux-mêmes. Quelle que soit, en effet, l’hypothèse inspiratrice d’un concept fondamental quelconque, nous cherchons à la généraliser, à la transporter telle quelle aux autres groupes que nous connaissons, puis, généralisant encore, nous voulons l’étendre au monde entier. Sans doute, rencontrons-nous là une résistance due à la multiplicité des hypothèses primordiales qui se combattent ardemment, et l’application d’un seul système de concepts à l’ensemble de nos connaissances n’est encore qu’un espoir lointain ; mais, si le succès de la méthode est limité, si une conception générale, unique, n’a pu encore s’imposer, le procédé, toujours le même, est saisissable aussi bien dans la formation de la métaphysique, que des sciences mathématiques, physiques ou naturelles, dans les superstitions les plus répandues, dans le sens commun même ou la formation du langage.

  1. La relativité philosophique, p. 41.