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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

poser en ses constituants : l’hydrogène et l’azote ; cette découverte fut le point de départ d’un espoir, qui allait provoquer de nombreuses et infructueuses recherches ; la ressemblance évidente de ces différents alcalis ne devait pas seulement être révélée par leurs propriétés, mais par leur constitution chimique.

« On est porté à penser, écrit Fourcroy, que l’azote est un de leurs principes et que c’est lui qui leur donne les propriétés alcalines[1]. » Cette conjecture qui va de soi, si l’on ose s’exprimer ainsi, fit travailler nombre de savants et ne fut justifiée, malgré leurs efforts, par aucune expérience décisive.

Les progrès de la chimie amenèrent Davy, dans une tout autre direction, à découvrir dans les terres et dans les bases alcalines, la chaux, la baryte, la soude et la potasse, des constituants métalliques. Mais immédiatement alors, la décomposition de l’ammoniaque, composé uniquement de gaz et semblable pourtant aux oxydes des métaux alcalins, parut absolument paradoxale. — La ressemblance entre ces différents alcalis ne se poursuivrait pas au delà de leur apparence sensible, ce qui sembla presque absurde… Il fallait la rétablir en procédant autrement ; or, au moment des discussions concernant la théorie du phlogistique, Priestley supposait que l’hydrogène dégagé lors de la réaction d’un acide et d’un métal, l’acide sulfurique et le fer par exemple, provient, non de la décomposition de l’acide, mais de celle du métal qui se combine avec lui pour former un sel. Afin de concilier les faits et la théorie, l’on émit alors l’hypothèse suivante : tout métal est

  1. Philosophie chimique, p. 220. Fourcroy avait choisi l’azote comme type plutôt que lghydrogène parce que l’air ordinaire, mélange d’oxygène et d’azote, devait contenir le principe des alcalis : l’azote, comme il contenait le principe des acides : l’oxygène.