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CONCEPTS FONDÉS SUR LA RESSEMBLANCE

dité et de transparence peut masquer une hétérogénéité de nature que l’on a mise en lumière un siècle après[1].

Mais la couleur ou d’autres qualités apparentes ont poussé d’habiles chimistes dans des recherches analogues dont personne ne soupçonnait à quel point elles allaient se montrer illusoires. Hellot[2] ne s’est-il pas obstiné à affirmer que le fer est contenu dans l’acide nitrique puisque les vapeurs rutilantes dégagées lors de ces différentes réactions ont la même couleur que la rouille ; pareillement Cadet[3] n’a-t-il pas fait de nombreuses et infructueuses expériences afin d’extraire du borax, le cuivre dont la présence est révélée dans ce sel par la coloration verte qu’il donne à la flamme.

Voici, toujours d’après les ouvrages de chimistes, un cas qui rendra plus sensible l’attrait qu’une simple ressemblance exerce sur notre esprit avide de la prolonger indéfiniment ; mais afin de l’expliquer entièrement il nous faudra donner quelques détails techniques… L’on sait que dès le xviie siècle différentes substances, telles que la potasse, la soude, l’ammoniaque, la chaux, formaient un groupe bien défini de corps à propriétés semblables, que l’on rangeait dans-la classe des alcalis ; sans doute avait-on signalé la ressemblance de certaines d’entre elles, de la chaux notamment, avec les « terres » ; mais on n’avait pu les analyser et Lavoisier, tout en exprimant des doutes à cet égard, les considérait encore comme des corps simples semblables. Or Berthollet, en étudiant l’ammoniaque, était parvenu à le décom-

  1. Voir plus loin, p. 44.
  2. Conjectures sur la couleur rouge des vapeurs de l’esprit de nitre. A. D. S. 1736. M. p. 36.
  3. Expériences sur le borax, A. D. S. 1766. H. 64. M. 365