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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

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3. La première question que nous devons tenter d’élucider est la suivante « Pourquoi rangeons-nous différentes choses dans un même groupe ? Pourquoi prétendons-nous que l’or et le mercure sont des métaux, le chêne et le sapin des arbres, les sulfates et les chlorures des sels, le phosphore rouge et le phosphore blanc un même corps simple ? »

Il est important de préciser l’interrogation que nous venons de poser ; ou plutôt de la séparer d’un problème fort voisin avec lequel on serait tenté de la confondre, et qui d’ailleurs a été l’objet des méditations d’un grand nombre de philosophes. Nous ne cherchons donc pas si les idées, générales et abstraites, sont engendrées par les connaissances fragmentaires et concrètes, ou si, au contraire, elle n’en peuvent dériver, mais sont nécessairement le produit d’une activité logique ou psychologique de l’esprit qui est d’une autre nature ? Nous prendrons les unes et les autres comme des données, et nous nous contenterons de dire, avec M. Höffding, « les concepts fondamentaux avec lesquels la science travaille doivent être psychologiquement possibles et leur première apparition doit pouvoir se trouver dans la vie de la pensée spontanée[1] ».

Quand cette pensée spontanée travaille sur le sensible, l’ordonne, et parvient à maîtriser au moins partiellement ses éléments, quand grâce à son effort incessant nous parvenons à nous orienter dans le monde qui nous entoure, et à ranger en groupes divers les choses avec lesquelles nous sommes en

  1. La relativité philosophique, p. 1.