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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

d’ailleurs, nous la prendrons au moment où elle n’est pas encore posée ; où elle n’existe qu’en interrogation, en aspiration à connaître et non encore en connaissance. Une fois achevée, elle peut certes rendre de grands services et nous l’utilisons notamment pour diriger notre activité pratique sur les choses entre lesquelles elle a établi un lien ; mais elle ne saurait entièrement satisfaire notre curiosité à l’égard de ces choses. Revenant sur ses premières démarches, sur ses interrogations, sur ses hypothèses, notre esprit est pour ainsi dire contraint de lui attribuer une signification dépassant infiniment les observations et les expériences qui lui ont donné naissance, et prétendant lui révéler la véritable nature et des choses classées, et de la conceptualisation elle-même.


2. Les choses que notre esprit tente instinctivement de réunir en classes, qu’elles soient ou matérielles comme les objets tombant sous les sens, ou idéales comme les nombres, sont à l’origine des données imposées du dehors.

Ces choses qui pénètrent de l’extérieur en nous, qui nous assaillent pour ainsi dire dès la première perception, nous voudrions bien les embrasser d’un regard, les comprendre, les expliquer, les assimiler entièrement. Et cependant, dès qu’elle tente de les saisir, notre intelligence se heurte de leur part à une résistance qui n’est certes pas assez puissante pour annihiler son effort, mais qui parvient cependant à en dévier considérablement le cours.

Comment l’entendement humain a-t-il primitivement réagi dès son choc contre la nature ? S’il nous était permis de répondre à une aussi vaste question, s’il était possible d’entrevoir par quel processus l’effarante complexité du monde, ses objets