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NICOLAS LEMERY

tique. La théorie de Lemery, elle aussi, diffère énormément de celle de ses prédécesseurs ; d’abord par sa présentation ; l’auteur ne fait aucun étalage d’érudition, ne cite jamais aucun autre chimiste, et par là il est immédiatement accessible au lecteur ignorant, ravi de pénétrer sans préparation difficile dans l’explication de faits qui lui paraissent étranges ; puis il répudie le mysticisme de Paracelse de Van Helmont, et d’une manière générale « les espèces de fictions, poétiques, vives, animées, agréables à l’imagination, inintelligibles et insupportables à la raison », dont la chimie d’autrefois se faisait gloire ! Les doctrines alchimiques, les théories qui basaient l’affinité des corps les uns pour les autres sur une certaine sympathie qui les obligeait à se rechercher, ou bien ne sont pas mentionnées, ou sont tournées en ridicule. Lemery, comme tous les penseurs d’alors, n’admet pas d’autre philosophie de la matière que la philosophie mécanique ; toute autre interprétation des phénomènes de la chimie, toute addition au mécanisme étant déclarée absurde, le professeur n’a d’autre but que de donner des faits une explication « intelligible ».

Or, on ne peut mieux expliquer la nature d’un corps quel qu’il soit « qu’en attribuant aux parties qui le composent des figures qui répondent à tous les effets qu’il produit ». Ainsi le goût aigre des acides, la figure anguleuse qu’ils prennent lors de leurs cristallisations démontrent que ses matières sont formées de particules pointues ; comme les alcalis font effervescence avec les acides, il faut en conclure que leurs particules sont poreuses, et que les pointes des acides peuvent pénétrer à l’intérieur ; comme le mercure est toujours liquide, il faut en