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HISTOIRE DE LA CHIMIE

était analogue ; de telle sorte que l’étude des matières organisées renseignait l’expérimentateur sur l’ensemble de l’univers. Pour illustrer cette vérité, ils avaient établi des listes de correspondance entre les astres errants, les métaux et les parties les plus remarquables du corps humain ; et enfin, entre toutes les choses présentant une ressemblance d’ailleurs quelconque. Contrairement à la Sagesse des Nations, ces savants admirent qu’une comparaison était une raison, et pour étendre leur science multiplièrent extraordinairement les analogies hypothétiques ; ils donnaient aux caractères apparents qui devaient leur révéler la parenté entre les choses le nom mystique de « signature des choses » ; ils nous apprirent, pour ne citer qu’un exemple, que « l’esprit de nitre est plein des causes de pétrification dans le grand monde ès mines et dans le petit monde aux reins », ou encore « que l’esprit de vin est eau parce qu’il en a la fluidité ; feu parce qu’il brûle ; air parce qu’étant essenssifié, il en a la spiritualité et la pénétration ; terre parce qu’il est tout sel ».

Puisqu’ils raisonnaient uniquement par analogie, il résulta pour ces chimistes que toute expérience est symbolique, et qu’un seul fait tout à fait quelconque permet de construire la structure de toute la matière ; voici d’ailleurs comment Paracelse avait exposé en quelques mots sa célèbre théorie des trois principes :

« Parmi toutes les substances, écrit-il, il n’en est que trois qui donnent à chaque chose leur corps, c’est-à-dire que tout corps consiste en trois choses ; les noms de celles-ci sont : soufre, mercure, sel ; or, avant toutes choses, il faut connaître ces trois substances et toutes leurs propriétés dans le macro-