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le laboratoire au XVIIe siècle

fournir des dosages rigoureux, et si parfois ils donnent avec précision la formule de fabrication de tel composé, il ne faut pas attacher plus de valeur scientifique à ces indications qu’à une recette de cuisine.

En troisième lieu, et jusque vers 1770, les savants ne tentèrent aucun effort, ou au moins ne parvinrent pas à capter les gaz ou les vapeurs qui s’échappent de telle réaction chimique ; par suite, ils n’essayèrent pas de vérifier expérimentalement la plupart de leurs hypothèses sur les substances aériformes, ce qui laissait dans l’obscurité ou le doute, une partie de leur théorie.

À ces considérations générales, nous devons en joindre une autre qui a trait à la difficulté que les expérimentateurs anciens trouvaient à travailler pratiquement ; tout d’abord, le feu était souvent difficile à entretenir au degré voulu, et il arrivait que les vaisseaux contenant les corps sur lesquels on travaille se brisaient au moment où l’opération finie, le chimiste voulait enfin recueillir les produits qu’il préparait depuis des jours, et parfois des mois ou des années ; et les ingrédients pour recommencer l’expérience étaient d’un prix extrêmement élevé aussi bien que le combustible ; pour le chercheur opiniâtre, qui se ruinait à les acheter, un tel accident banal devenait vite une catastrophe. L’on sait que Bernard Palissy qui voulait obtenir de la porcelaine émaillée n’avait pas hésité à livrer ses meubles au feu.

Dans de telles conditions de travail, nous ne devons pas attendre des chimistes, une exactitude scrupuleuse dans le récit de leurs expériences ; quelques-uns d’entre eux racontent comme faites

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