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histoire de la chimie

matériaux auxquels on l’appliquait ; on l’obtenait en mélangeant ou en pétrissant ensemble dans de l’eau jusqu’à ce que l’on obtienne une pâte homogène, des quantités égales de terre à potier, de sable, de crottes ou fiente de cheval, auquel on pouvait ajouter quelques blancs d’œufs rendant le lut plus solide encore… Et une grande partie du labeur journalier du chimiste consistait précisément à construire, réparer ou lutter, ces divers fourneaux ou ces vaisseaux.

Mais l’opération même ne pouvait le plus souvent s’achever qu’à l’aide de l’instrument pour lequel les autres « instruments principaux » semblaient en quelque sorte construits : nous voulons parler du feu, dont l’action sur les diverses matières que le savant étudie présente des différences surprenantes et inattendues ; le chimiste en est tellement frappé qu’il se surnomme bien souvent « le philosophe par le feu »… et, en effet, sous l’action du feu, les corps les plus durs sont liquéfiés ou vaporisés ; d’autres substances molles sont durcies ; quelques substances telles que les huiles se dissipent dans l’atmosphère alors qu’on les place sur le fourneau, et cependant brûlent au contact de la flamme ; d’autres telles que l’eau s’échauffent et bouillent, mais ne peuvent brûler et éteignent la flamme ; d’autres encore brûlent partiellement et laissent des cendres incombustibles : l’étain par exemple perd son éclat au contact du feu, et se transforme en une chaux pulvérulente et sèche… Le chimiste essaye de comprendre tous ces faits, en apparence paradoxaux ; désespérant d’y réussir, il cherche si quelque réactif corrosif n’aurait pas par son action quelque « ressemblance au feu » ; et comme les acides forts calcinent les métaux ou