Page:Metzger - Jean-Jacques Rousseau à l’île Saint-Pierre, 1877.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

JEAN-JACQUES ROUSSEAU
À L’ÎLE SAINT-PIERRE

(lac de bienne)


S’il est un asile calme et paisible, une retraite où la nature semble avoir groupé tous ses dons pour plaire à quelque rêveur, c’est certes l’île Saint-Pierre. Quoiqu’elle n’ait que deux mille pas de long sur huit cents de large, et qu’elle ne domine le lac de Bienne que de quarante mètres à son point le plus élevé, elle ne laisse pas que d’offrir, dans ce parcours si restreint, la variété des sites les plus pittoresques. Du côté du midi, elle présente une pente douce, couverte de champs et de prairies ; à l’orient, ses rives escarpées sont plantées de vignes ; à son sommet, s’élève un magnifique bois de chênes, aux sentiers ombreux, aux clairières toutes retentissantes du chant des oiseaux. D’abord d’humbles moines, avec ce tact qui leur faisait aimer la solitude, s’y étaient rendus et y avaient établi leur demeure. Plus tard, en 1485, quand le Pape Innocent VIII supprima le couvent, leurs domaines passèrent aux chanoines de Berne, et, quand ces derniers furent sécula-