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RENAUD, d’un ton ce commandement.

Vous nous suivez ? Par le flanc droit, conversion.

Ils traversent la scène lentement. — Les deux couples chuchotent. — Renaud, bas à Colette.

Les couples amoureux, tous, s’ils voulaient m’en croire,
Puisqu’on dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire,
Devraient vivre en province, obscurs, presque ignorés.

COLETTE.

Sans fortune, comment faire ?

RENAUD.

Sans fortune, comment faire ? Vous le verrez.
Paris ne compte pas, voyez-vous, quand on s’aime.
Être à soi, rien qu’à soi, mais c’est le bonheur même,
Sans trop d’ambition que de s’appartenir.
Dans le passé, dans le présent, dans l’avenir.
Nous ne nous quitterons jamais, c’est pour la vie,
Depuis plus de trois ans que je vous ai suivie,
J’ai fait bien des projets.

COLETTE.

J’ai fait bien des projets. J’écoute et je vous crois.

RENAUD.

À quoi bon des calculs et des règles de trois !
Faut-il donc tant d’argent pour se mettre en ménage.
N’en demandons pas trop. Faire un beau mariage
C’est prendre un bon mari, je serai celui-là.

COLETTE.

Pour un bel officier, l’avenir que voilà
Trop modeste, aurait peu de quoi vous satisfaire.
Je suis pauvre et n’ai point la dot réglementaire,
Résignons-nous.

RENAUD.

Résignons-nous. Non pas, l’admirable façon
De rester tous les deux, vous fille et moi, garçon.