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Comme une jeune sœur… une cousine… et non
Comme la femme à qui l’on doit donner son nom.

COLETTE.

De ces deux sentiments, dis-moi la différence
À quel moment précis ?…

En sourdine musique sentimentale.
LUCIENNE, lui coupant la parole.

À quel moment précis ?… Quand l’amitié commence,
L’amour cesse, voilà… je n’en sais pas plus long,
C’est confus et très simple. On aime un brun, un blond,
Il est grand ou petit, on l’aime ! Le mystère
Impénétrable, c’est que le ciel et la terre
Réunis ne sauraient rompre l’enchantement.
L’amour vrai, l’amour pur, c’est le subtil aimant,
Qui dirige nos cœurs.

COLETTE, joyeuse.

Qui dirige nos cœurs. C’est bien ce que j’éprouve.
Ton amour et le mien ainsi qu’un feu qui couve
Sont nés sournoisement, un dimanche de mai.

LUCIENNE.

C’est cela.

COLETTE.

C’est cela. Ce jour-là, j’ai senti que j’aimais
Le grand ami Renaud.

LUCIENNE.

Le grand ami Renaud. Moi, l’ami Paul, ton frère.
Ils nous intéressaient chacun à leur manière.

COLETTE.

Nous avions tant de joie à parler d’eux, souvent.
— C’était fête, en venant nous surprendre au couvent,
Ils avaient apporté des fleurs fraîches coupées…