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LUCIENNE, boudeuse.

Ouf ! … Quel parc enchanteur ! Malgré tout on ressent
Quelque amertume à voir ce luxe étourdissant.

COLETTE.

Tout ce monde me plaît qui s’aborde, s’agite,
S’assied, parle, sourit…

LUCIENNE, l’interrompant.

S’assied, parle, sourit… Cette fête m’irrite !

COLETTE.

Non… !

LUCIENNE.

Non… !Que faisons-nous là, dans ce cadre élégant,
Tout en noir, sans chapeau, sans ombrelle, sans gant.

COLETTE, avec fierté.

On est de la maison de Saint-Denis, ma chère.

LUCIENNE, en s’asseyant.

Moi, dans ce beau palais, je me sens étrangère,
Notre médiocrité n’a que faire en ces lieux.
J’aimais notre uniforme, il me semble odieux.
Je ne saurais danser dans ma robe montante
J’étoufferais, et toi ?

COLETTE.

J’étoufferais, et toi ? J’étais déjà contente
De danser, mais… goûtons si nous ne dansons pas.
Mon appétit s’aiguise à faire les cents pas.
As-tu quelque chagrin ?

Elle s’assied auprès de Lucienne.
LUCIENNE.

As-tu quelque chagrin ? Tu ne peux me comprendre.

COLETTE.

Songe à Paul, à Renaud qui viendront nous surprendre.