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que l’arliste savait mettre dans ses tentations de saint Antoine, sujet qu’il a traité un grand nombre de fois, mais encore dans les hôtels des principaux seigneurs de sa cour. Tous à l’envi de la gouvernante des Pays-Bas, dont l’amour pour les arts était si puissant qu’à elle seule elle eût suffi pour leur donner l’impulsion dont ils avaient besoin afin de soutenir et de grandir la réputation des artistes des Pays-Bas; tous à l’envi, disons-nous, se plaisaient à enrichir leurs salons des productions des peintres, des sculpteurs, des tapissiers les plus en renom. L’exemple des princes a toujours été d’une grande influence en matière de luxe. C’est là une de ces vérités incontestables et dont les preuves sont abondantes dans l’histoire de toutes les nations. Nous citerons, parmi les seigneurs du XVIe siècle qui possédaient des tableaux de J. Bosch, Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, dans son hôtel, à Bruxelles (V. § 30), et Jean de Casembroot, seigneur de Backerseele, dans la demeure duquel se trouvait le sujet des Trois Mages, avec les armoiries des Bronkhorst et Bosschuyse sur les volets[1], tableaux qui furent, ainsi que nous l’avons dit (§ 30), saisis et confisqués au profit de Philippe II en 1568. Plus tard, en 1594 et 1595, l’archiduc Ernest achète un tableau du même artiste, représentant le Christ en croix et les limbes au-dessous, qu’il paie plus de 100 fl., et un autre pour la moitié de cette somme[2].

Malgré la découverte du vrai nom de l’artiste dont nous venons de nous occuper, nous ferons observer néanmoins

  1. « Inventoire des biens-meubles et ustensilz de mesnaige, trouvez le xiiije jour d’apvril l’an mil cincq cens soixante-sept, avant Pasques, en la maison du sieur de Backersele, Jehan de Kasenbroot, située en ceste ville de Bruxelles, près la porte de Couwenberghe, par Jehan de la Rea, à ce commis par Son Excellence, » dans le registre no 595 de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.
  2. Bulletins de la commission royale d’histoire, 1re série, t. XIII, p. 115 et 119.