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Là, c’est une scène champêtre ou bucolique, où le gentil damoiseau et la belle damoiselle poursuivent avec une grâce toute naïve une intrigue d’amour.

Plus loin, vous assistez, sous les voûtes d’une basilique byzantine, à une de ces cérémonies imposantes et religieuses, où le prêtre, couvert d’ornements étincelants, donne la bénédiction aux membres de toute une cour royale assemblée.

Les vieux manuscrits ont leur langage, et je ne puis me lasser d’en admirer les peintures qui me plaisent. Mais, hélas! combien est grand le nombre de ces précieux trésors littéraires et artistiques qui n’ont pu parvenir jusqu’à nous, et sur lesquels le bras ravageur et iconoclaste d’innombrables hordes barbares a fait main basse, en les livrant au fer et à la flamme.

Triste destruction : mais qui sait?... ne serait-ce pas là un de ces effets secrets de la Providence, qui, elle aussi, pour stimuler davantage les recherches des archéologues et bibliomanes modernes, a voulu jeter comme un voile d’oubli sur une grande partie des œuvres sublimes auxquelles ont pris part nos premiers miniaturistes, dont l’origine et le nom ne nous sont que très-imparfaitement connus?

Pour quel motif, se demande-t-on souvent, les anciens miniaturistes négligeaient-ils de signer leurs œuvres? On pourrait établir différentes conjectures à cet égard, et plusieurs personnes semblent portées à croire, que cette lacune provient de leur ignorance, voire même de leur insouciance. Ces opinions paraissent très-peu probables; car, pour que l’arliste ait pu produire dans ses compositions jusqu’aux moindres détails historiques, il devait nécessairement avoir acquis une profonde connaissance des épisodes qu’il devait peindre, et il y mettait, du reste, trop de soin et de goût, pour que l’on puisse lui reprocher l’un ou l’autre de ces défauts.