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ce que ce ne sont que des ouvrages de la main des hommes, des Images muettes & insensibles ? Et que sont donc nos Dieux que nous tenons enfermés dans des boëtes, de peur des souris ?

Quelles seront donc les vaines ressources des Christicoles ? leur morale ? elle est la même au fond que dans toutes les Religions ; mais des dogmes cruels en sont nés & ont enseigné la persécution & le trouble. Leurs miracles ? mais quel peuple n’a pas les siens, & quels sages ne méprisent pas ces fables ? Leurs prophéties ? n’en a-t-on pas démontré la fausseté ? Leurs mœurs ? ne sont-elles pas souvent infâmes ? L’établissement de leur Religion ? mais le fanatisme n’a-t-il pas commencé, l’intrigue n’a-t-elle pas élevé, la force n’a-t-elle pas soutenu visiblement cet édifice ? La Doctrine ? mais n’est-elle pas le comble de l’absurdité ?

Je crois, mes chers amis, vous avoir donné un préservatif suffisant contre tant de folies. Votre raison fera plus encore que mes discours, & plût à Dieu que nous n’eussions à nous plaindre que d’être trompés ! mais le sang humain coule depuis le temps de Constantin, pour l’établissement de ces horribles impostures. L’Église Romaine, la Grecque, la Protestante, tant de disputes vaines, & tant d’ambitieux hypocrites, ont ravagé l’Europe, l’Afrique & l’Asie. Joignez, mes amis, aux hommes que ces querelles ont fait égorger, ces multitudes de Moines & de Nones, devenus stériles par leur état. Voyez combien de créatures sont perduës, & vous verrez que la Religion Chrétienne a fait perir la moitié du genre humain.

Je finirai par supplier Dieu, si outragé par cette secte,