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engendrées ; & il faut nécessairement aussi que cette premiére qui auroit donné l’être aux deux autres, ait été avant, puisque ce qui n’est point, ne peut donner l’être à rien. D’ailleurs il répugne & est absurde de dire, qu’une chose qui auroit été engendrée ou produite n’auroit point eu de commencement. Or selon nos Christicoles, la seconde & la troisiéme personne ont été engendrées ou produites ; donc elles ont eu un commencement ; & si elles ont eu un commencement, & que la premiére personne n’en ait point eu, comme n’ayant point été engendrée, ni produite d’aucune autre, il s’ensuit de nécessité que l’une ait été avant l’autre.

Nos Christicoles qui sentent ces absurdités, & qui ne peuvent s’en parer par aucune bonne raison, n’ont point d’autre ressource que de dire qu’il faut pieusement fermer les yeux de la raison humaine, & humblement adorer de si hauts mystères sans vouloir les comprendre. Mais comme ce qu’ils appellent foi est ci-devant solidement réfuté, lorsqu’ils nous disent qu’il faut se soumettre, c’est comme s’ils disoient, qu’il faut aveuglément croire ce qu’on ne croit pas.

Nos Déichristicoles condamnent ouvertement l’aveuglement des anciens Payens qui adoroient plusieurs Dieux. Ils se raillent de la généalogie de leurs Dieux, de leurs naissances, de leurs mariages & de la génération de leurs enfans ; & ils ne prennent pas garde, qu’ils disent des choses beaucoup plus ridicules & plus absurdes.

Si les Payens ont crû qu’il y avoit des Déesses aussi-bien que des Dieux, que ces Dieux & ces Déesses se marioient, & qu’ils engendroient des enfans ; ils ne pensoient en cela rien que de naturel : car ils ne s’imaginoient pas encore