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pe d’erreur. C’étoit pour cela aussi que les Manichéens & les Ariens, qui étoient vers le commencement du Christianisme, se moquoient de ces prétendus miracles, faits par l’invocation des Saints, & blâmoient ceux qui les invoquoient après leur mort, & qui honoroient leurs reliques.

Revenons à présent à la principale fin que Dieu se seroit proposée en envoyant son fils au monde, qui se seroit fait homme ; ç’auroit été, comme il est dit, d’ôter les péchés du monde & de détruire entiérement les œuvres du prétendu Démon &c. c’est ce que nos Christicoles soutiennent, comme aussi que Jesus-Christ auroit bien voulu mourir pour l’amour d’eux, suivant l’intention de Dieu son Père, ce qui est clairement marqué dans tous les prétendus saints Livres.

Quoi ! un Dieu tout-puissant & qui auroit voulu se faire homme mortel pour l’amour d’eux, & répandre jusqu’à la dernière goutte de son sang pour les sauver tous, auroit voulu borner sa puissance à guérir seulement quelques maladies & quelques infirmités du corps, dans quelques infirmes qu’on lui auroit présentés, & il n’auroit pas voulu employer sa bonté divine à guérir toutes les infirmités de nos ames, c’est-à-dire à guérir tous les hommes de leurs vices & de leurs déréglemens, qui sont pires que les maladies du corps ? Cela n’est pas croyable. Quoi ! un Dieu si bon auroit voulu miraculeusement préserver des corps morts de pourriture & de corruption, & il n’auroit pas voulu de même préserver de la contagion & de la corruption du vice & du péché, les ames d’une infinité de personnes qu’il seroit venu racheter au prix de son sang, & qu’il devoit sanctifier par sa grace ? Quelle pitoyable contradiction !