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par quel secret il pouvoit demeurer avec ceux qu’il quittoit.

Je passe sous silence quantité d’autres contradictions ; ce que je viens de dire suffit pour faire voir que ces Livres ne viennent d’aucune inspiration divine, ni même d’aucune sagesse humaine, & par conséquent qu’ils ne méritent pas qu’on y ajoute aucune foi.




CHAPITRE III.



MAis par quel privilège ces quatre Évangiles & quelques autres semblables Livres passent-ils pour Saints & Divins, plutôt que plusieurs autres qui ne portent pas moins le titre d’Évangile, & qui ont autrefois été comme les premiers publiés sous le nom de quelques autres Apôtres ? Si l’on dit que les Évangiles réfutés sont supposés & faussement attribués aux Apôtres, on en peut dire autant des premiers ; si l’on suppose les uns falsifiés & corrompus, on en peut supposer autant pour les autres. Ainsi il n’y a point de preuve assurée pour discerner les uns d’avec les autres, en dépit de l’Église qui veut en décider, elle n’est pas plus croyable.

Pour ce qui est des prétendus miracles rapportés dans le vieux Testament, ils n’auroient été faits que pour marquer de la part de Dieu une injuste & odieuse acception de peuples & de personnes, & pour accabler de maux, de propos délibéré, les uns, pour favoriser tout particuliérement les autres. La vocation & le choix que Dieu fit des Patriarches Abraham, Isaac, & Jacob, pour de leur postérité se faire un peuple qu’il sanctifieroit & béniroit par dessus tous les autres peuples de la Terre, en est une preuve.