Page:Meslier - Testament, 1762.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

me Salomon, le plus sage de leurs écrivains, est aussi le plus incrédule. Il doute même de l’immortalité de l’ame, & il conclut ses ouvrages par dire qu’il n’y a rien de bon que de jouïr en paix de son labeur, & de vivre avec ce que l’on aime.

D’ailleurs combien les Auteurs qu’on nomme profanes, Xénophon, Platon, Ciceron, l’Empereur Antonin, l’Empereur Julien, Virgile &c. sont-ils au-dessus de ces Livres, qu’on nous dit inspirés de Dieu. Je crois pouvoir dire que quand il n’y auroit, par exemple, que les fables d’Ésope, elles sont certainement beaucoup plus ingénieuses & plus instructives, que ne le sont toutes ces grossiéres & basses paraboles, qui sont rapportées dans les Évangiles.

Mais ce qui fait encore voir que ces sortes de Livres ne peuvent venir d’aucune inspiration divine, c’est qu’outre la bassesse & la grossiéreté du style, & le défaut d’ordre dans la narration des faits particuliers, qui y sont très-mal circonstanciés, on ne voit point que les Auteurs s’accordent, ils se contredisent en plusieurs choses ; ils n’avoient pas même assez de lumières ni de talens naturels pour bien rédiger une histoire.

Voici quelques exemples des contradictions qui se trouvent entr’eux. L’Évangeliste Matthieu fait descendre J. Ch. du Roi David par son fils Salomon, jusqu’à Joseph, père au moins putatif de J. Ch., & Luc le fait descendre du même David par son fils Nathan jusqu’à Joseph.

Matthieu dit, parlant de Jesus, que le bruit s’étant répandu dans Jérusalem qu’il étoit né un nouveau Roi des Juifs, & que les Mages étant venus le chercher pour l’adorer, le Roi Hérode, craignant que ce prétendu Roi