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que des Auteurs graves mépriseroient de rapporter. Toutes ces narrations n’ont pas moins l’air de fables que celles que l’on a inventées sur l’industrie de Prométhée, sur la boête de Pandore, ou sur la guerre des Géans contre les Dieux, & autres semblables que les Poëtes ont inventées pour amuser les hommes de leur temps.

D’un autre côté on n’y verra qu’un mêlange de quantité de loix & d’ordonnances ou de pratiques superstitieuses touchant les Sacrifices, les purifications de l’ancienne Loi, le vain discernement des animaux, dont elle suppose les uns purs & les autres impurs. Ces Loix ne sont pas plus respectables que celles des nations les plus idolâtres.

On n’y verra encore que de simples histoires, vraies ou fausses, de plusieurs Rois, de plusieurs Princes ou particuliers qui auront bien ou mal vécu, ou qui auront fait quelques belles ou mauvaises actions, parmi d’autres actions basses & frivoles qui y sont rapportées aussi.

Pour faire tout cela, il est visible qu’il ne falloit pas avoir un grand génie, ni avoir des révélations divines. Ce n’est pas faire honneur à un Dieu.

Enfin on ne voit dans ces Livres, que les discours, la conduite & les actions de ces renommés Prophêtes, qui se disoient être tout particuliérement inspirés de Dieu. On verra leur manière d’agir & de parler, leurs songes, leurs illusions, leurs rêveries ; & il sera facile de juger qu’ils ressembloient beaucoup plus à des visionnaires & à des fanatiques qu’à des personnes sages & éclairées.

Il y a cependant dans quelques-uns de ces livres plusieurs bons enseignemens, & de belles maximes de morale, comme dans les Proverbes attribués à Salomon, dans le Livre de la Sagesse & de l’Ecclésiastique ; mais ce mê-